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Dès le début du récit, je me suis posée de nombreuses questions sur Astrid, sur ce qui l'avait conduit à s'isoler loin de tout et de tous. Il m'a paru logique que les deux femmes se rencontrent, elles ont vécu chacune des événements traumatiques. Cependant, je ne m'attendais pas à ce que leurs expériences résonnent autant l'une sur l'autre. J'ai également beaucoup apprécié la poésie glissée à travers les différents chapitres. Cette poésie permet de refléter de manière particulière les pensées des personnages. Marie Pavlenko révèle avec justesse et finesse les histoires de ces deux femmes, sans en dire trop. L'essentiel est là, la solidarité et le soutien.

Astrid part vivre loin de tout, au milieu de nulle part, dans la Montagne, pour s’éloigner de la tragédie qu’elle a vécut.
Soraya, part, elle aussi, mais pour s’enfuir de sa Syrie natale et de ses conflits sans fin. Seule et loin de sa famille, une vie grandit en elle qu’elle répugne.
Les destins de ces deux femmes vont se croiser et changer leur vie respective. Ensemble, elles vont tenter de s’aider, d’avancer, de se reconstruire.
Traverser les montagnes et naître ici est un roman sur la sororité, le deuil et la communauté, un récit touchant et émouvant porté par une plume d’une grande douceur. Ce livre vous donnera à la fois de l’espoir mais également une certaine envie de se battre pour les autres, une rage de vivre pour ceux qui ne le peuvent pas.

C’est une rencontre improbable, fruit de la mort et de la guerre : celle de 2 coeurs blessés. Astrid, trentenaire a tout perdu et s’est réfugiée dans le Mercantour pour étancher sa peine ; Soraya, 17 ans, a tout quitté, laissant derrière elle la Syrie et sa famille. Perdue, enceinte, elle a trouvé refuge chez son aînée , avec laquelle elle apprend à se reconstruire…
Une histoire de sororité, de solidarité et de résilience, à la plume sobre et sensible . J’ai particulièrement aimé les encarts poétiques reflets des émotions des personnages en début de chapitre. J’ai moins apprécié les rôles masculins que j’ai trouvé peu nuancés. Mais ma lecture a été plaisante et poignante, comme bien souvent avec les romans de cette autrice 😀
Merci beaucoup pour ce partage

une exploration touchante des chemins du deuil et de l'exil. Au Mercantour, les vies brisées d’Astrid et Soraya se rencontrent et se reconstruisent au gré des paysages et des émotions. La prose poétique et sensible de Pavlenko nous entraîne dans une quête de guérison et de solidarité, offrant un récit à la fois profond et réconfortant

Certaines lectures sont plus difficiles à chroniquer que d'autres. Le temps qui a passé depuis ne m'aide ni à résumer ce roman marquant ni à choisir les mots. J'ai aimé y découvrir une autre facette du talent de Marie Pavlenko. Point commun à tous les supports et quelque soit le public visé, une faculté à aborder des sujets tellement divers et souvent délicats, avec intelligence et tendresse. Ici, la poésie est plus présente, dans la forme et les extraits savamment distillés, et l'humour plus voilé, que dans ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Il y a comme toujours une part belle faite à la nature. C'est un texte puissant, dur, pudique et lumineux, d'actualité. Qu'importent les personnages secondaires que certains pourront percevoir comme stéréotypés ou enjolivés, la rencontre d'Astrid et Soraya vous laissera, je n'en doute pas une forte impression.

Mercantour, dans une maison isolée, sans voisins ni commerces à proximité, voilà le point de chute d'Astrid qui cherche un lieu où se perdre, mais aussi se reconstruire.
Son rétablissement va être bouleversé lors de sa rencontre avec Soraya, une jeune migrante enceinte, qu'elle retrouve congelée dans la neige, une nuit particulièrement froide.
Une histoire d'amitié, malgré une différence d'âge, de réconciliation, de détresse et de rédemption. La vie et la mort sont très proches dans ce roman aussi lumineux qu'il est douloureux. Très beau tour de force de Marie Pavlenko.

Astrid a tout perdu, son mari, ses enfants de manière brutale, alors plus rien ne la retient, elle vend sa maison pour en acheter une autre, dans une région montagneuse, sauvage : le Mercantour. Ce choix est dicté par le fait que son époux aimé randonner en montagne pour se ressourcer. Elle achète au passage la vieille voiture de l’ancien propriétaire. Une nouvelle vie commence : s’habituer au froid, à la neige, adapter sa garde-robe, se déplacer avec les raquettes…
De son côté, une jeune fille Soraya, a fui les guerres en Syrie qui a décimé sa maison une partie de sa famille. Après avoir parcouru plusieurs pays Roumanie, Albanie, Croatie, Italie, elle tente de traverser la frontière via la montagne, en compagnie de sa tante Ibtissam sous la neige, guidée par son téléphone qui rend l’âme. Elle tombe d’épuisement se laissant mourir, mais son chemin croise celui d’Astrid qui fait une promenade en raquette…
Marie Pavlenko nous dresse un portrait croisé, deux femmes cabossées, sinon brisées après avoir vécu une tragédie qui tentent d’avancer coûte que coûte. Astrid a perdu ses proches, alors que Soraya, qui vivait heureuse avec sa famille en Syrie, voit son existence balayée par la guerre et l’exil. Elle nous raconte toute la violence de l’exil, la violence des passeurs qui exploite la situation, la faim, le froid et surtout le viol dont Soraya a été victime en Albanie.
Elle se retrouve enceinte pour traverser les Alpes d’un bébé dont elle ne veut rien entendre et qu’elle ne pourra appeler autrement que « la chose », après un accouchement chez Astrid. La vie est tellement lourde à porter pour une jeune fille de dix-sept ans…
L’auteure aborde différents thèmes : le deuil, l’exil, la famille, la capacité de résilience, les deux héroïnes s’apprivoisant peu à peu, chacune ayant sa manière de réagir à la souffrance.
Tous les personnages sont intéressants, car on fait la connaissance d’Ida, la voisine d’Astrid, céramiste de son état, toujours là pour aider, tant physiquement pour aller faire les courses (lait, biberons, couffin, vêtements…). L’auteure aborde, sans pathos, ceux qui aident, comme Max, traducteur pour une association d’aide pour obtenir des papiers, et écouter, partager les émotions de Soraya, mais aussi les salauds, comme le voisin Ange, qui surveille tout avec ses jumelles, entre chez les gens sans frapper, pose des questions comme gestapiste…
Marie Pavlenko a choisi un mode de narration qui rend le récit encore plus vivant, avec des flashes dans le passé, pour Astrid comme pour Soraya, des phrases ou des situations qui remontent à propos et elle émaille son récit de poèmes : Andrée Chedid, Omar Khayyam, que j’aime énormément, ce n’est un secret pour personne, et Claude Roy, Agota Kristof, Marina Tsvétaïeva que je vais essayer de découvrir et comme l’auteure donne les références des œuvres…
J’ai beaucoup eu un coup de cœur pour ce roman, son écriture, le destin croisé de ces deux femmes, car le récit aurait pu tomber dans le sentimentalisme et ce n’est pas le cas. Je me suis rendue compte que l’auteure, que je ne connaissais pas, en fait, avait écrit des romans pour la jeunesse
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume de son auteure.
#Traverserlesmontagnesetvenirnaîtreici #NetGalleyFrance !

Le roman des injustices qui révoltent
Deux femmes, une douleur intense, une rencontre improbable. Soraya est une ado syrienne, fuyant son pays. Enceinte suite à un viol, elle a tout perdu: sa famille, ses espoirs… Astrid vient d’acheter, sans jamais la visiter, une maison isolée dans le Mercantour. On comprend très vite que ses enfants et son mari sont décédés même s’il faut attendre les dernières pages pour en savoir davantage. Ces deux solitudes vont se retrouver… Non sans heurt, ni sans pleur. C’est une lecture émouvante, à deux voix, où l’autrice réussit à rester sobre et digne, sans verser dans le larmoyant. Au contraire, il y a énormément de pudeur et de douceur. Une jolie lecture qui nous fait réfléchir aussi sur tous ces migrants qui n’ont jamais choisi de l’être. Et sur un final glaçant qu’on n’a pas vu venir…

Il y a quelques semaines, je te présentais les sorties de la rentrée littéraire d’août qui me faisaient de l’œil - et c’est suite à cela que les éditions Les Escales m’ont fait parvenir la version numérique du nouveau roman de Marie Pavlenko : *Traverser les montagnes, et venir naître ici*. Je connaissais déjà l’autrice pour avoir lu *Un si petit oiseau* il y a quelques années - et j’étais donc curieuse de la retrouver avec, cette fois-ci, un récit adulte (d’autant que toutes les chroniques que j’ai croisées l’encensaient).
Et bon sang, qu’est-ce que j’ai bien fait de les écouter !
*Traverser les montagnes, et venir naître ici* est un roman que j’ai dégusté lentement pour venir piocher chaque jour deux ou trois nouveaux chapitres, parce qu’il nous donne une impression de flottement. Le style haché de Marie Pavlenko illustre un récit brut et entier, bourré de sensibilité et d’humanité. Astrid et Soraya ne pourraient pas avoir des vies plus différentes - l’une a perdu son mari et ses deux fils dans un accident de voiture et part faire le point dans un chalet perdu au fin fond du Mercantour, tandis que l’autre a abandonné son pays rongé par la guerre pour entreprendre un voyage violent et meurtrier vers l’espoir d’une nouvelle vie - mais ces deux femmes ont en réalité bien plus en commun qu’il n’y paraît. Elles luttent toutes les deux entre ombre et lumière, pour surmonter leurs traumatismes et se donner une nouvelle chance de vivre.
Mais ce n’est pas une simple histoire de reconstruction. Ce roman, c’est aussi et surtout un véritable engagement. Entre ode à la nature sauvage, militantisme politique, réflexions autour de la maternité, écrin de sensibilité qui n’en reste pas moins franc de réalisme, déclaration d’amour à la poésie et à celles et ceux qui l’écrivent (je suis d’ailleurs ressortie de ma lecture avec une liste bibliographique que je compte bien découvrir !), mais aussi portrait d’humanité dans son sens le plus large… *Traverser les montagnes, et venir naître ici* est une petite bombe qui nous fait osciller entre un tas de sujets (souvent difficiles, alors attention aux triggers warning) qui se retrouvent magnifiquement liés.
On ressort de cette lecture un peu hébétés, mais aussi bouleversés et avec la certitude d’avoir vécu un grand moment de littérature.
Le coup de cœur m’a échappé de justesse à cause de cette écriture parfois un peu trop décousue à mon goût et qui donnait justement un caractère presque trop suspendu au récit que j’aurai préféré voir plus ancré, mais ce n’est vraiment qu’une impression qui n’engage que moi et qui ne sera définitivement pas ce que je retiendrai de ma lecture.
Bref, *Traverser les montagnes, et venir naître ici* est un roman salutaire et assurément l’une des pièces maîtresses de cette rentrée littéraire !

Il y a des tournures de phrase qui sonnent comme des uppercuts, et Marie Pavlenko sait les convoquer pour faire résonner en nous le deuil profond que porte Astrid, celui de son mari et de ses deux enfants, comme le chemin de fuite entrepris par Soraya depuis la Syrie en guerre. « Tom et Jibril auraient vu des marmottes, eux aussi. Dégage, conditionnel, va emmerder d’autres gens […]. Parce qu’Astrid, elle, aurait dû voir ses enfants grandir […]. » Il y a le conditionnel comme il y a le terme « avant » : « Avant. C’est fou comme ce petit mot de rien suscite un déluge de chagrin quand il surgit dans la tête. Avant, c’était simple, avant. Avant, elle avait une maison. » C’est avec une finesse et un soin porté aux mots, ceux qui font mal comme ceux qui peuvent réparer (ainsi de la poésie, seule lecture dans laquelle Astrid trouve refuge : « [D]es éclats de lumière qui résonnent comme de gros gongs frappés en elle. ») que l’autrice raconte les trajectoires de ces deux femmes et leur rencontre au-delà du verbe – la jeune Syrienne ne parle pas bien français, la Française n’est pas bilingue en anglais. Un roman douloureusement engagé.

s'il y a un titre de la rentrée littéraire que je voulais découvrir avant tout, c'était bien celui-ci. alors je remercie NetGalley France et les éditions Les Escales de m'avoir permis de le découvrir.
Marie Pavlenko est une autrice que j'aime tellement. ce roman ne fait que le confirmer... lorsque ces deux destins de femmes se croisent, tout se bouleverse. on est déjà tellement touchés par leurs histoires personnelles... ce roman questionne le désir de maternité, le deuil, la douleur, la sororité, l'exil. tant de thèmes traités avec tant de justesse et de poésie. même si la fin est si rapide - ou disons juste qu'on ne veut pas la voir arriver -, c'est un coup de coeur immense qui se dessine pour ce récit marquant. lisez-le, ça en vaut le détour !

Un livre magnifique, on en sort grandi et malgré tous les salauds, on sait que les gens biens sont les plus nombreux.
L’écriture est fluide, riche, envoûtante.
J’ai eu du mal à lâcher ce livre, dommage qu’il est une fin. J’aurais bien continué à suivre les pas d’Astrid...

Deuxième livre que je lis de cette autrice et je ne suis encore une fois pas déçue. Cette histoire est celle de deux femmes. Le destin les mettra sur le même chemin afin qu'elle partage leurs histoires, leur souffrance et qu'elles s'aident mutuellement. Les drames qu'elles ont vécu ne sont pas embellis dans ce récit, ils sont cru mais c'est ce qui leur donne toute leur crédibilité. J'avais les larmes au bord des yeux tout du long jusqu'à ce qu'elles coulent enfin sur cette fin en apothéose, toute aussi abrupte que le reste de l'histoire. La plume de Marie Pavlenko a un je ne sais quoi de poétique qui nous pousse à espérer un bel avenir avec nos protagonistes meurtries.
C'est beau et une lecture nécessaire pour quiconque serait tenté par les thèmes abordés ici.
Attention cependant, des thèmes tels que le viol, les agressions, le deuil, et la mort sont traités ici et peuvent heurter la sensibilité.

Très beau livre qui ne tombe jamais dans le pathos ou la leçon de morale. La fin est terriblement réaliste et reste longtemps en tête le roman terminé !

J’ai découvert ce roman par l’intermédiaire d’Audrey, du blog Le Souffle des Mots, qui a su raviver mon envie de lire Marie Pavlenko. Il est vrai que j’avais déjà tenté une aventure littéraire avec cette autrice, sans succès, il y a quelques années. Cependant, encouragée par Audrey et par sa passion communicative, je me suis lancée à nouveau dans l’univers de Pavlenko avec Traverser les montagnes, et venir naître ici. Ce retour à son œuvre m’a permis de vivre une expérience de lecture bien différente, marquée par des émotions profondes et puissantes, en résonance avec mon propre parcours de vie.
Ce qui m’a particulièrement touchée dans ce roman, c’est la manière dont les thèmes de la perte, de la reconstruction et des relations familiales y sont abordés. Bien que l’histoire ne soit pas directement liée à la mienne, elle a réveillé en moi des émotions que je n’avais jamais pensé revivre à travers la fiction.
Les mots de Pavlenko, à travers la voix d’Astrid, m’ont renvoyée à mon propre passé, à ces instants où ma belle-famille a fait savoir qu’il aurait été préférable de ne pas permettre à la vie de ma compagne de voir le jour. Si cette situation est différente de celle d’Astrid dans le roman, le poids du jugement, la douleur, et la lutte pour trouver une place dans un monde qui ne vous comprend pas résonnent profondément en moi.
La plume de Pavlenko se distingue par une finesse et une subtilité qui savent capturer l’intimité de la souffrance humaine tout en laissant transparaître une forme de lumière, d’espoir, même dans les moments les plus sombres. Ce roman ne raconte pas simplement l’histoire d’une femme qui quitte la ville pour la montagne après un deuil, c’est une quête de sens, un cheminement vers l’acceptation de soi et de ce qui ne peut être changé.
La profondeur des émotions qu’Astrid traverse, tout au long de son exil volontaire dans cette maisonnette isolée, est décrite avec tant de justesse que, par moments, j’ai dû poser le livre pour reprendre mon souffle. Ce livre est plus qu’un simple récit de vie : il invite à une introspection, une réflexion sur ce que nous laissons derrière nous et sur la manière dont nous tentons de continuer à vivre, malgré tout.
Benjamin
Le Parfum des Mots

Un roman poétique et touchant.
Dans un Mercantour sauvage et montagneux une nouvelle résidente a pris place, Astrid. Elle a tout quitté après avoir perdu l'amour de sa vie et ses deux enfants. Elle est partie se réfugier dans une maison isolée, au milieu de nulle part.
Un soir après avoir mis des raquettes pour affronter la neige et partir à l'assaut de la montagne, elle perçoit le cri d'un animal blessé. Elle cherche et découvre une jeune fille de 17 ans qui a fui la Syrie. Elle décide de lui porter secours et de la ramener chez elle. Cette jeune fille qui s'appelle Soraya à elle aussi tout perdu.
Ces deux femmes aux destins brisés vont devoir s'apprivoiser et apprendre à vivre ensemble. Toutes deux doivent faire le deuil d'êtres chers disparus trop tôt.
C'est un livre magnifique, poétique, délicat, touchant, émouvant. Les montagnes pansent les plaies de ces deux femmes brisées par la vie.
Toutefois j'émets un petit bémol sur la fin du roman et la prévisibilité des évènements mais cela n'enlève rien à la sensibilité qui se dégage de cet écrit.

Astrid est une femme à la dérive, suivant un cruel coup du destin : elle cherche sa place, à flan de montagne, dans un monde qu’elle ne reconnaît plus. Soraya fuit la Syrie qui l’a vu naître, comme on fuit un être cher devenu un ogre totalitaire. Leur rencontre est improbable. Leur rencontre est salutaire. Pour que la vie se poursuive, d’une façon ou d’une autre.
Marie Pavlenko raconte, tout en sobriété, en justesse et en nuances, l’implacabilité du destin, mais aussi, et surtout, la force insoupçonnée et inébranlable de l’âme humaine. Elle sait dire avec délicatesse, mais sans édulcorer, et elle sait taire, sans faire oublier.
Cet opus remue, questionne, ébranle et inspire. Il est à la fois fable initiatique, et conte cruel. Il est, tout simplement, inoubliable.

J'adresse mes sincères remerciements à #NetGalleyFrance aux Éditions Les Escales et, surtout, à Marie Pavlenko, autrice de cette magnifique oeuvre.
Astrid a presque tout perdu... Il ne lui reste plus que ses souvenirs et ses yeux pour pleurer.
Soraya a tout perdu, sauf la capacité de son corps à enfanter, malheureusement...
Les deux femmes se rencontrent à un tournant de leurs vies, perdues dans le Mercantour. Elles vont lentement s'apprivoiser, se dompter, s'épargner et, peut-être, se sauver ? Mais que reste-t-il à sauver lorsque la dernière étincelle d'espoir est au bord de l'étouffement ?
A travers Astrid et Soraya, Marie Pavlenko m'a bouleversée. Ses deux héroïnes sont des figures de courage et de résilience, meurtries par les pires épreuves que peut infliger la vie : deuils, disparitions des familles, injustices, accidents, guerres, fuites, exils plus ou moins "volontaires"... Les deux femmes ont perdu tous leurs repères, subit des peines innommables, des chagrins incommensurables et inguérissables. Je me suis sentie plus proche d'Astrid de part notre nationalité et notre statut commun de femmes mariées et mères de deux enfants ; mais j'ai été tout autant émue et plus que révoltée, indignée par le périple physique et émotionnel de la si courageuse Soraya, injustement victime de la cruauté des hommes. Marie Pavlenko nous propose ici une fiction criante de réalisme, qui pourrait bien refléter trop parfaitement la réalité de millions de personnes.
L'autrice fait preuve d'une sensibilité et d'une intelligence hors du commun. La qualité des textes, de la narration, des émotions, de la construction en font un grand roman sociétal. Marie Pavlenko alterne aléatoirement les visions d'Astrid et de Soraya, même alors qu'elles se sont trouvées. On ne se demande jamais avec laquelle des deux on "est". L'écriture est sincère, imagée, poétique, brutale, impitoyable, à l'image de ce que les femmes traversent. Certaines phrases tombent comme des couperets alors que d'autres, plus descriptives, nous rappellent avec poésie la beauté du monde. Certains chapitres sont introduits par quelques lignes de poèmes. Les mots en eux-mêmes, dans leur simplicité et leur poids, reprennent leur valeur dans ce récit, qu'il s'agisse de citations, de dialogues ou d'une langue partagée ou non ; langue barrière ou langue pont entre les personnes. Tandis que les explications du parcours de Soraya se dévoilent progressivement mais distinctement, les souvenirs d'Astrid refluent par bribes, souvent par dialogues interposés avec ses fils ou son mari. Là encore, l'autrice réussit avec brio à nous transporter au cœur de leurs intimités dépouillées.

Encore un très beau roman signé Marie Pavlenko ! Si j'ai commencé ce roman confiante en la plume de l'auteure, elle a su encore une fois me toucher au cœur et m'émouvoir aux larmes. Les émotions sont amenées avec délicatesse et pudeur et les personnages sont d'une grande justesse. Au delà de l'écriture, les sujets abordés, le deuil, l'émigration, la place des femmes dans le monde, en font définitivement un roman à conseiller sans modération et malheureusement nécessaire.

C’est une histoire de femmes, perdues, malmenées. L’une, adolescente, a fui la guerre, elle a traversé l'Europe dans l’espoir de trouver une terre d’asile pour un avenir meilleur. Ses nuits sont habitées des images de violences vues en Syrie et pendant sa fuite. L’autre, mère de famille, arrive seule dans le Mercantour où elle vient d’acquérir une maison perdue dans la montagne, loin de sa vie d’avant. Elles sont seules, blessées par la vie. Leur rencontre est une nouvelle étape dans leurs vies, peut-être vers l’espoir ?
Le ton sonne juste, ce qui n’est pas évident pour partager des tragédies : Marie Pavlenko aurait pu vite verser dans le pathos et elle a su l’éviter habilement. La poésie tient une place importante dans le récit : elle donne une tonalité pour entrer dans les chapitres et se révélera l’un des ingrédients pour partager et calmer la douleur de la perte, pour les deux femmes. J’ai aimé relire ou découvrir de nouveaux poèmes.
Traverser les montagnes, et venir naître ici est un livre fort sur la perte et la reconstruction, mais il serait réducteur de le cantonner à ces deux thèmes. Pour en saisir la richesse, il est nécessaire de plonger dans ses pages.