Le Texte est superbe, touchant et terriblement d'actualité. On s'attache très vite aux personnages qui habitent ce roman. Malgré la tristesse du propos, l'espoir est là. L'humanité jaillit aux pieds des montagnes, là où elle semblait avoir disparue pour toujours. Magistral.

La rencontre de deux femmes blessées au fond des montagnes du Mercantour. L'une n'arrive pas à surmonter le deuil de sa famille, l'autre a fui la Syrie essuyant la mort de ses proches et portant un bébé non désiré dans son ventre. Leur rencontre, leur entraide, leur empathie vont les porter.
On pourrait croire à un feel-good mais les personnages ont des destins ébranlés qui nous laissent sans voix.

Premier roman de la rentrée littéraire et quelle claque ! Un roman absolument extraordinaire enlacé d'une poésie folle.

Y a t il des mots pour dire l'indicible?

Astrid a fui, vendu leur appartement parisien, fermé la porte sur les quatorze années de bonheur partagées avec Kamal puis avec Tom et Jibril.. Direction le Mercantour, loin de la ville, loin des hommes, loin des souvenirs qui la tuent à chaque instant du jour et de la nuit. Un carton, un seul les réunit tous les trois.
Soraya marche, marche, encore et toujours. sa tante la suit péniblement. Que la Syrie lui semble loin, où sont ses parents, ses frères et soeurs, sont ils encore vivants?La guerre les a mis sur les routes et la France sera leur terre d'accueil. Elle marche et le "monstre" qui pousse en elle pèse de plus en plus lourd.
La route de ces deux femmes va se croiser. Audrey va récupérer Soraya cette adolescente devenue mère à son corps défendant; Elles vont s'apprivoiser faisant fi des obstacles de la langue . Astrid prend aussi en charge "la chose"" et essaye de trouver une solution pour Soraya. Mineure elle devrait bénéficier du droit d'asile mais les hommes restent des hommes et les salopards aussi nombreux ici qu'ailleurs.
Marie Pavlenko signe un roman bouleversant. Elle prête sa plume à deux femmes brisée l'une et l'autre dans leur chair, dans leur âme . La sérénité des paysages, les textes d'Andrée Chedid, René Char , Claude Roy émaillent les en-têtes de chapitres et sont les bienvenus.
Un roman bouleversant et douloureux servi par une écriture précise et diaboliquement efficace. Le drame est là omniprésent , difficile d'échapper à la vindicte des humains. Un message universel et je le crains intemporel.

A paraître le 22/0/24 aux éditions Les Escales#Traverserlesmontagnesetvenirnaîtreici #NetGalleyFrance !

Traverser les montagnes et venir naitre ici de Marie Pavlenko
Les Escales


Jamais un titre n’a aussi bien résumé un roman.
Astrid et Soraya vont se rencontrer dans les montagnes du Mercantour. Deux femmes au parcours différent mais réunies dans la peine. L’une et l’autre ont dû renoncer à leur vie d’avant, famille, amis, projets. Astrid est en deuil, elle fait table rase de sa vie d’avant pour continuer ailleurs, elle avance avec une petite boite de souvenirs et la poésie pour consolation.
Soraya a fui les bombes, la guerre, l’avenir est incertain en Syrie. Alors sa famille a pris la route, une route longue, froide, semée d’embûches, de violence et d’horreur, une route où la mort va s’inviter à deux reprises. Soraya tient de son père que la France est une terre d’asile, la terre des Droits de l’homme, l’espoir d’une vie décente.
Dans ce coin perdu et isolé, la maison qu’Astrid a achetée, semble un rempart contre le monde. Astrid et Soraya vont apprendre à se connaitre, s’apprivoiser, s’entraider, comme un retour à la vie.
Ida voisine céramiste se joint à elles, puis Max bénévole et interprète, aide précieuse pour les réfugiés en attente de constitution de dossier et de papiers.
Mais à proximité, un autre voisin veille, les va-et-vient autour de la maison d’Astrid, éveille ses soupçons et Ange n’a d’Ange que son prénom.

Dans ce roman, plusieurs fils sensibles s’entremêlent : le deuil et la poésie comme une pommade pour apaiser les blessures, Claude Roy, Andrée Chédid, Gluck, Omar Khayyam.
L’exil, la guerre, la clandestinité.
La maternité et la fragilité de l’instinct maternel.
Et aussi l’entraide, la sororité ce mot tant galvaudé qu’on pourrait résumer à l’amitié ici.
Et puis la renaissance enfin !
Marie Pavlenko que j’ai découverte en littérature jeunesse, nous propose un roman actuel, fort, sensible, douloureux et optimiste.

Avec sa plume délicate, tout en non-dits et poésie, Marie Pavlenko transcrit avec justesse et pudeur la douleur indiscible de deux femmes malmenées par la vie. Une lecture poignante.