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Member Reviews

Une fois n'est pas coutume, ce qui m'a attiré c'est le titre, puis j'ai retourné le livre pour la 4e de couv. (alors que je ne les lis quasi jamais). Et il faut l'avouer, cette 4e de couv. est excellemment faite. D'abord parce qu'elle correspond exactement à l'oeuvre qu'elle décrit, et surtout parce qu'elle interpelle (enfin m'a interpellé en tout cas). J'ai tellement l'habitude de vous dire ici quand les 4e sont mal faites, que quand elles sont justes ce serait injuste (!) de ne peut pas le relever. Notre autrice fait un récit très intime de ce pays qu'on ne souhaite à aucune mère (en premier) : celui de l'enfant qui meurt à la naissance. Ce "Neverland", vous savez ce célèbre pays où les enfants ne vieillissent pas ; ici, tout ce que l'enfant ne vivra pas, tous ces "jamais" qui anéantissent milles promesses : pas d'anniversaire, pas de crises d'ados, pas de photos, ni de rires ou de bêtises, et j'en passe. A vouloir faire son deuil, elle a découvert, et nous avec elle, tout un monde : celui de la mort d'un bébé. Elle nous livre objectivement, parfois avec humour même, des statistiques, des corps de métier, des groupes de soutien (ou pas), et surtout des réactions (les siennes ou celles des autres, étonnantes parfois). C'est presque un essai finalement, et si le sujet peut, a priori, être très particulier, on passe un bon moment en passant par diverses émotions, et on apprend quelques infos pas inintéressantes. En résumé, une lecture qui ne m'était pas initialement destinée, et que je conseille. Comme quoi : une 4e de couv. bien faite nous emmène aussi à Neverland.

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Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture. Le Pays de Nulle Part de Doan Bui aborde un sujet difficile et poignant : le deuil d'une mère face à une perte inimaginable.

Le roman raconte une histoire terriblement émouvante, où l’on ressent par moments la douleur et les efforts surhumains de cette femme pour avancer malgré l’absence. Quelques passages parviennent à transmettre une vraie intensité émotionnelle, mais l’ensemble reste marqué par un style froid et détaché. Ce choix d’écriture reflète probablement l’état d’esprit de la protagoniste, engluée dans une réalité où les émotions sont trop lourdes à porter.

Cependant, cette distance m’a empêchée de m’immerger pleinement dans le récit. Bien que le thème soit bouleversant et important, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire et à m’attacher aux personnages.

Cela reste une œuvre qui mérite d’être lue pour la lumière qu’elle apporte sur un sujet encore trop souvent tabou. Mais pour ma part, je n’ai pas été totalement convaincue, malgré la puissance de ce drame humain.

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Un texte bouleversant et la couverture nous raconte ce qu'est ce "pays de nulle part" et ce berceau vide.. Où est partie la petite fille de 15 jours de la narratrice ?
C'est sa troisième fille, prénommée Mê Linh, et j'ai encore été plus troublée quand j'ai trouvé une signification de ce prénom vietnamien : Les personnes portant le prénom Meï-linh sont souvent perçues comme ayant une personnalité douce et apaisante. Le nom lui-même évoque une certaine délicatesse et une beauté intérieure. Il est fréquemment associé à des traits tels que la gentillesse, la sensibilité, et la sagesse.
Meï-linh peut aussi être synonyme de détermination et de résilience. Bien qu'il puisse évoquer une nature calme, ceux qui portent ce prénom démontrent souvent une force intérieure étonnante. Ils peuvent naviguer avec grâce à travers les défis tout en inspirant ceux qui les entourent par leur attitude positive.
La narratrice nous raconte la mort de cette petite fille, quinze jours après sa naissance, des scènes terribles dans les chambres d'hôpital, dans les couloirs, dans les bureaux pour remplir des papiers...
La narratrice raconte aussi sa façon de surmonter cette peine. Elle a décidé d'écrire peu après la mort, mais l'a enfoui dans un placard, dans un fichier de son ordinateur. Puis à décidé de partager ce texte, car la narratrice est en fait l'écrivaine, Doan Bui, qui nous raconte son deuil. Elle parle très bien de ses recherches, de ses lectures, d'autres mères "orphelines" (comme la mère de Verlaine) ou inconnues.
Elle parle avec sincérité, dérision de ce neverland land De Peter Pan, de ce pays de nulle part, où se réfugient les enfants partis trop tôt.
Elle a tenté de surmonter, de partager (des pages émouvantes et "rigolotes" sur les forums pour les Mamanges" (néologisme pour désigner les femmes qui ont perdu leur « ange »).
Un texte dur mais qui parle très bien de ce deuil, si difficile à partager, même quand l'entourage est bienveillant. Il y a paradoxalement de belles pages et j'ai apprécié l'écriture et vais lire les autres textes de cette auteure.
« Je vous parle d’un endroit secret où les enfants perdus ne grandiront jamais : le Pays de Nulle part.
Je vous parle de l’une d’entre eux, petite fille morte à quinze jours.
Je vous parle d’une mère qui veut “réussir son deuil”, à défaut d’avoir “réussi son enfant”.
Je vous parle de toutes ces mères au ventre vide.
Je vous parle de la mère de Peter Pan, qui un jour ferma sa fenêtre, le condamnant à rester dans Neverland, et de Stéphanie Verlaine, qui conserva chez elle ses fœtus dans des bocaux de verre.
Je vous parle de la honte et de la douleur des mères.
Je vous parle de l’une d’entre elles. Parce que c’est apaisant, la fiction d’une autre.
Et pour me convaincre que je ne suis pas elle. » D.B
#LepaysdeNullepart #NetGalleyFrance

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Le ventre vide, les mains vides et la tête pleine de ce qu’aurait du être Mê-Linh si elle avait vécu.

Un livre que j’ai lu avec mon cœur et mes tripes qui raconte la solitude et ce deuil inacceptable, l’incompréhension et la culpabilité, une mère avec ses mots, sa souffrance.

« La mère dont l’enfant meurt est son propre geôlier. Sa cellule est fermée à clé, une clé qu’elle a jetée au fond d’un puits.»

Il y a aussi cette surenchère sur les réseaux sociaux avec des classifications hallucinantes. Il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Les psychologues sont rafraichissantes aussi.

Avec une approche culturelle et linguistique très intéressante. Et une évocation du deuil dans différents pays.

«Certains temples au Japon organisent des cérémonies mémorielles pour les mizuko (enfants invisibles – enfants qu’on ne voit pas), les enfants- eaux. Les bébés morts, les bébés jamais nés, les bébés avortés, les bébés fausses-couches, les bébés morts trop jeunes.»

Le récit traite du Pays de Nulle part et des enfants de l’exil (petits corps échoué sur des plages), des enfants victimes du changement climatique ou de la guerre. De la difficulté à supporter cette misère au quotidien quand on est journaliste mais aussi du manque de compassion, d’intérêt de certains pour ces victimes innocentes.

Ce fut une lecture difficile, j’ai souvent eu les larmes aux yeux mais c’est aussi très beau cet amour d’une maman blessée à vie et l’histoire de cette petite fille si belle, si fragile.

« Mes filles sont en moi. Mes trois filles, les vivantes et la morte.»

Un roman de femmes fort, puissant, une quête douloureuse vers l’apaisement. Doan Bui touche à cette intimité qui nous lie toutes.

Merci aux éditions Grasset de leur confiance pour ce service de presse. Cet avis n’engage que moi.

# LepaysdeNullepart #NetGalleyFrance

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Doan Bui, dans ce texte très intime, nous fait partager la mort de sa 3ème fille, Mê Linh, 15 jours après sa naissance, le 13 mars 2013. Elle l'a écrit peu après la mort du bébé, l'a enfoui au fond d'un placard, l'a caché au milieu des fichiers de son ordinateur et n'a pu le publier que dix ans après.
C'est un cri de douleur, toujours très présente malgré les années écoulées. Elle nomme l'insupportable sans jamais utiliser de périphrases ou d'images douces: elle utilise le mot "mort" dans sa froideur, sa réalité, son horreur. Elle l'affronte. Elle couche sur le papier, bien sûr son immense douleur, sa sidération, mais aussi sa culpabilité : celle de n'avoir pas su protéger son enfant, celle d'avoir été impuissante face à la mort.
Ce texte, tout en pudeur, mais aussi colère, est également un hommage à toutes les femmes, toutes les mères, connues (comme la mère de Verlaine) ou inconnues qui vivent avec la douleur de l'enfant perdu, qui errent dans "le pays de Nulle part", le Neverland de Peter Pan, où se retrouvent les enfants qui ne grandiront pas.
C'est le deuxième livre que je lis, cette année, sur la perte d'un bébé, quelques jours après sa venue au monde. Le précédent était "J'ai regardé la nuit tomber" de Lolita Chammah. Alors que ce texte était un cri de douleur mais aussi d'espoir car Lolita était sûre d'avoir un troisième enfant, celui de Doan Bui ne dégage pas cette lumière. Par ailleurs, cette dernière s'exprime avec une certaine distance, décrit des situations absurdes (elle n'est pas acceptée dans un groupe de paroles après ce qui pourrait être comparé à un entretien d’embauche, elle collectionne les nécrologies de chiens morts en 2013 ....) qui prêtent à sourire peut-être pour se protéger, ne pas se laisser submerger par la peine et cela m'a tenue moi-même partiellement à distance de mes émotions malgré quelques scènes déchirantes.

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Existe t-il une hiérarchie dans le deuil ? Le nombre d’heures partagées avec le disparu est-il proportionnel au chagrin à afficher ? Certes non, la perte est là. Et pourtant, la légitimité de la tristesse semble dans les faits dépendre des instants vécus ensemble, dans leur durée et quelle que soient leur intensité.

C’est un épisode douloureux que Doan Bui tente d’exorciser dans ces lignes, en analysant de manière très exhaustive ce qui s’est passé des années auparavant. La perte d’une petite fille, née prématurément.

Doan Bui a beaucoup écrit pour elle-même et longtemps hésiter à faire paraître le récit. Elle consacre d’ailleurs toute une partie à la réflexion sur l’intérêt de cette démarche.

En tant qu’ancienne professionnelle de néonatalogie, ces pages me parlent bien sûr, et cet aspect n’est pas non plus négligé : l’impact de la mort dans un service où l’on se bat pour que l’avenir ait lieu. Et si la routine est là et si les nouveaux patients viennent occuper les incubateurs vides, les traces sont là et les souvenirs s’impriment en filigrane tout au ont des années passées au chevet des tout-petits.


C’est un récit doux et nostalgique, empreint d’une tristesse mais loin d’être morbide. Et qui pourrait être une aide précieuse pour les professionnels de la petite enfance autant que pour les parents qui vient ces heures difficiles.

Merci aux éditions Grasset pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi. 

#LepaysdeNullepart #NetGalleyFrance

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